MACINTYRE Alasdair (1999), Dependant Rational Animals, Chicago/La salle : Open Court.

En posant que la raison des membres d’une communauté dépend en partie de leur état physiologique et que cet état physiologique détermine le niveau de dépendance que l’on entretient dans nos rapports avec autrui, MacIntyre souhaite démontrer que la capacité à raisonner (qu’il a toujours considérée comme une capacité collective et non autonome) dépend de notre engagement dans des liens de dépendance envers autrui, liens qui nous amènent parfois à donner à (et à raisonner pour) des proches qu’une déficience ponctuelle ou permanente rend dépendants ; liens grâce auxquels on reçoit parfois de (et on s’assujettit à) nos proches alors que notre état physiologique nous rend vulnérables. La pratique du don de soi et de l’assujettissement est elle-même une vertu.

MacIntyre fonde ainsi la vertu sur le corps propre, contrairement aux philosophies des lumières qui posaient comme condition de la morale l’autonomie de l’individu et, surtout, sa différence qualitative d’avec les animaux. Or, MacIntyre souligne l’animalité de l’homme en montrant qu’à certains stades prélinguistiques de son développement, l’homme (l’enfant) ne se distingue pas qualitativement d’autres animaux intelligents (dauphin, singe bonobo, chien, etc.)